Science du Tawhid (monothéisme) et de la purification
De son auteur : Cheikh Farid AL ANSARI
Traduit par : Abderrahim SABIRI
La Science du Tawhid (monothéisme) et de la purification est la troisième catégorie visée par la formation scientifique de celui qui veut suivre le chemin du savoir, et qui est en fait le but même des finalités de la religion, alors sa négligence et son omission mènent à une destruction majeure dans l’acquisition du savoir et sa mise en pratique.
Et ce n’est pas vainement que Baji – que Dieu ait pitié de lui – a bien insisté dans son sermon à ses deux fils, comme je l’ai vu, sur les teneurs de la foi et les vérités morales ; ce qui les rend l’un des plus vénérés des fondements majeurs qui sont à l’origine de la bonne formation du savant divin,sensé être source de bien pour lui-même et pour sa nation.
Cependant, l’un des problèmes les plus graves auxquels les gens sont confrontés aujourd’hui – au niveau méthodologique – dans cette question d’éducation est un problème de concept ;c’est-à-dire le concept du Tawhid, pour ce qui est de la purification de l’âme, pas pour ce qui est uniquement des paroles.
Donc le Tawhid et la purification (tazkiya) sont par conséquent indissociables et deux manifestations d’une seule réalité. De ce fait, ne pas bien les comprendre conduit certaines personnes à de nombreuses failles dans leur manière de traiter les concepts du crédo (croyance) islamique.
Se basant sur leur induction des textes du Coran et de la Sounna, Les éruditsont divisé les réalités de Tawhid en deux parties: l’unicitéde connaissance et d’affirmation et l’unicité de l’intention et du culte.
Le premier se réfère à l’Unicité de la Seigneurie (Tawhid Ar-Rububiyya) et ses supplétifs, et le second à l’Unicité et de l’Adoration (Tawhid Al-Uluhiyya) et ses compléments.
Le sens de l’Unicité de la Seigneurie est axé sur la définition de Dieu Tout-Puissant comme Seigneur des mondes, et ce qui devrait lui incomber et ce qui ne le devrait pas de ses noms sacrés et de ses attributs, autant que tout ce qui a lien avec Sa seigneurie.
Le sens de l’Unicité de l’Adoration est axé sur le fait d’unifier Dieu Tout puissant – seul sans associé –et se diriger vers lui par l’obéissance et les cultes,avec crainte et espoir, et cela est inclus par le Coran dans le concept de la sincérité (ikhlas) dans différentes versions, comme dans la parole de Dieu Tout puissant qui dit :« Nous t’avons fait descendre le Livre en toute vérité. Adore donc Allah en Lui vouant un culte exclusif.C’est à Allah qu’appartient la religion pure. Tandis que ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui (disent): “Nous ne les adorons que pour qu’ils nous rapprochent davantage d’Allah.” En vérité, Allah jugera parmi eux sur ce en quoi ils divergent. Allah ne guide pas celui qui est menteur et grand ingrat. » (Az-Zoumar : 2-3).
Comme il a aussi inclus les deux sections susmentionnées ensembles dans la devise de Tawhid: « Nulle divinité n’est digne d’adoration si ce n’est Allah ».
Ceci est tout ce qu’ils ont décidé en gros dans les livres de la doctrine (Aqida).
Cependant, le problème réside dans la méthode par laquelle ces savoirs et ces connaissances ont été présentés. Excepté quelques-uns, la plupart des livres qui ont étudié le Tawhid ont adopté l’approche dialectique, même s’ils appartenaient à la doctrine Salafiste !
Ceci est en raison de la controverse historique autour du sujet des croyances et tout ce qui l’a accompagnée, tels les groupes et les sectes oscillant entre l’excès et la modération, et cela est une autre affaire.
Mais cela a entraîné un problème au niveau méthodologique, à savoir l’absence des “objectifs éducatifs” de la plupart des livres de croyance, qui ont détaillé l’élucidation des deux sections citées; mais avec une approche théorique dialectique, non pas avec une méthode éducative, fondée sur “l’intention de purifier les âmes” dont la finalité est de faire connaitre Allah à ses serviteurs comme Seigneur et Dieu!
Cet important sens a été négligé pour être repris par d’autres livres et d’autres arts, parfois décrits comme des livres sensibilisants, et d’autres livres d’ascétisme, de comportement ou de mysticisme.
Indépendamment du problème de l’appellation et de la controverse qu’il soulève, le plus sain de ces travaux est la purification de l’âme: pour s’assurer du concept de “sincérité” (ikhlas), tel est l’objectif du Tawhid en général et la base de l’Unicité et de l’Adoration (Tawhid Al-Uluhiyya) en particulier.
Et le lecteur de ce qui est le plus net de ces livres et œuvres trouvera qu’ils tournent autour des réalités de la foi dans ce même sens.
Par conséquent, la “purification” n’est autre que l’éducation de “Tawhid” dans son sens coranique exhaustif, qui est le but de la mission du Prophète mentionnée dans plusieurs versets du livre d’Allah, comme dans le verset: « Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-mêmes, qui leur récite ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu’ils fussent auparavant dans un égarement évident. » (Al-Imran: 164).
Par conséquent, nous devons rétablir l’approche coranique dans la présentation de la matière du Tawhid, qui est l’approche de l’éducation et de la purification, pour que le Tawhid atteint son résultat souhaité, à savoir: la sincérité,quine se réalise qu’avec le savoir théorique et l’acte pratique ; Le savoir c’est la bonne réception et la compréhension saine provenant d’Allah et de son messager, basé sur l’énoncé du Coran et la Sunna authentique du prophète, au sujet des croyances et des règles de la foi ; Et nul actene serait valide sans être appuyé par le savoir. Et la déviation de cette approche originale a conduit certains des adhérents de l’action islamique contemporaine et certains dirigeants islamiques à se vautrer dans le marécage des hérésies, la déviance dans l’adoration d’Allah et L’errance dans les ténèbres des égarements et des superstitions.
Tous ces aspects ne sont que des conséquences évidentes de la négligence du fondement de la science menant à la voie de la connaissance d’Allah le Tout-Puissant.
Ce n’est pas en vain que l’Imam Al-Boukhari a expliqué, dans « le Chapitre de la Science » de son livre « Sahih Al-Boukhari », la locution exhaustive ayant trait à la religion, à savoir: « La rubrique du savoir avant la parole et l’acte ! ».
Il fait savoir que la nation (notre Oumma islamique) n’a chuté qu’après s’être écartée de ce solide fondement!
Et Le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah soient sur lui) disait vrai,en décrivantles musulmans pendant la période des séditions, quand il a dit : « Certes Allah ne fait pas disparaître la science en l’enlevant des cœurs de ses serviteurs mais il la fait disparaître par le décès des savants. Au point où lorsqu’il ne restera plus de savants, les gens prendront des ignorants comme dirigeants qui répondent aux questionnements des gens sans connaissance de cause, et c’est ainsi qu’ils vont s’égarer eux même et égarer les autres».
En ce qui concerne l’acte : c’est l’effort de l’âme pour lutter dans la voie d’Allah – à la lumière de ce savoir – pour qu’elle incite le serviteur d’Allah à emprunter les voies de ceux qui avancent vers Allah le Seigneur des Mondes, par l’acquisition des vertus de la crainte d’Allah et la dévotion et de se distinguer d’envie et d’amour ; mais aussi abandonner tout ce qui va léser sa décence avec Allah et sa fidélité envers lui seul sans autrui.
C’est comme ça que le Tawhid se réalisera en elle comme une vertu vivante exprimée par l’acte,non pas par des paroles inertes dans l’air, projetées dans les assemblées de controverse et de débats dialectiques.
Seul le savoir de la purification (Tazkyia) est garant de parvenir à réaliser cela pour l’âme, car il constitue le côté pratique du Tawhid et la traduction pratique de la sincérité, mais c’est ici où réside le problème : A cause de la confusion des concepts et des perceptions ; Les gens se sont déviés vis à vis de ce savoir soit vers l’excès soit vers la négligence.
En tant que savoir, son appellation a été environnée par un autre terme qu’est le “Soufisme”, et tout ce qui l’a accompagné de la controverse dans l’histoire de la nation, et qui s’est étendu à notre époque pour diverses raisons qu’on ne peut mentionner dans ce contexte ; mais on peut dire que dans cette voie deux équipes se sont égarées: l’une d’elles a tout nié et par cela ils ont contesté, sans le savoir, une grande part de ce qui appartient nécessairement à la religion ! Et l’autre a tout accepté et par cela elle a admis beaucoup de mensonges et de superstitions! Mais ce qui est juste c’est d’acquérir le savoir selon ses règles ses méthodes, et cela ne sera possible qu’à travers l’enracinement scientifiquement de toutes les paroles du soufisme et ses règles. Et cela a été réalisé par plusieurs érudits divins, qui ont eu raison et en ont fait beaucoup de bien par leurs écritures qui ont été matière pour guider maintes personnes à la bonne voie.
Parmi ces savants on peut citer; Cheikh Abdelkader Al-Jilani Al-Baghdadi, Imam Abou Is’haq Achatibi Al-Andaloussi, Cheikh Ahmed Zarrouk al-Malki Al-Maghribi, Imam Ibn al-Qayyim al-Hanbali et bien d’autres.
L’exagération n’apporte aucun bien, qu’elleémane du peuple soufiste ou de ses ennemis.
Nous avons écrit un commentaire du texte d’Ibn Al-Qayyim dans ce même contexte, tiré de notre livre “La Beauté de la Religion” (جمالية الدين), dont on mentionne ici un extrait : « Qu’Allah ait pitié du savant investigateur Ibn Al-Qayyim, qui s’est donné à la critique des soufies et qui est un visionnaire vis-à-vis de leurs défauts et leurs bénédictions ».
Il a parlé de ce sujet par ces mots qui méritent d’être écrits avec de l’eau d’or : « Ces chimères ont provoqué des séditions entre deux groupes de personnes:
Les éléments du premier groupe : ont été sidérés par ces chimères et ils sont passé à côté des vertus de cette communauté, de la gentillesse de leurs âmes et de la véracité de leurs traitements.C’est ainsi qu’ils ont gaspillé toutes ces bonnes choses et les ont tout à fait niées, tout en se méfiant absolument d’eux. Cela est considéré comme une injustice et une extravagance! Car si on délaissait en bloc tout ce qui s’est trompé ou a commis une erreur, alors le savoir et ses pratiques seraient corrompus au même titre que leurs repères.
Quant à ceux du deuxième groupe: ils ont été par contre sidérés par la pureté de leur cœur, leur détermination et leur bon traitement, ce qui a obstrué leur vision vis-à-vis de leurs chimères, qu’ils ont couvertes de bonnes choses, et ont opté pour l’accepter et la défendre puis l’ont adopté dans leur comportement. Ceux-là aussi sont considérés comme transgresseurs excessifs.
Mais ceux du troisième groupe: – qui sont des gens d’équité – ont rendu les droits à ceux qui en ont droit tout en attribuant à chacun sa juste valeur. »
La base de tout cela est que de nombreux étudiants en sciences de la jurisprudence islamique ont délaissé l’éducation spirituelle tant pour le renoncement au mal que pour la jouissance du bien. Alors leur morale s’est détériorée, leurs intentions ont été corrompues et leurs actions ont été faussées.
Mais le but de l’acquisition du savoir est d’avoir la satisfaction d’Allah, et si le serviteur le rate, il sera donc déçu et perdu. On se contente de la parole d’Allah qui dit : « Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah.» (Fatir: 28)
Les érudits ont interprété le mot « savant » dans ce verset par ceux qui connaissent Allah et ses recommandations.
Quiconque se considère comme savant sans qu’il ait avec son Seigneur Allah : des isolements à la fin de la nuit pour l’invoquer par désir et par crainte, des moments pour louer ses grâces et ses bienfaits et lui demander pardon, des désirs et des goûts, une vie affective dans le chemin de l’amour de la foi et qui n’a pas de cœur qui connait les voies de la crainte et de l’espoir ;Quel bien peut-t-on espérer de lui pour cette nation ? Et quel bénéfice éducatif offrira-t-il au profit de ses semblables, alorsque celui qui a perdu quelque chose ne peut la donner?!
Le savant qui n’a pas de profondeur spirituelle, ne peut bénéficier la nation en rien, car l’appel à Dieu est basé sur l’arrosage des assoiffés et des démunis par la solution de l’âme et en répandant les affections de la miséricorde et de l’amour pour les désemparés et les chagrinés. N’arrivera jamais à cet état, celui qui a le cœur lignifié.
Alors, comment espère-t-on qu’il le transmette à autrui ? Cela ne peut être possible que pour : « quiconque a un cœur, prête l’oreille tout en étant témoin. » (Qaf : 37).
Ceci est la vérité et « Au-delà de la vérité qu’y a-t-il donc sinon l’égarement ? » (Youness :32).
Il est donc nécessaire pour l’apprenant à charger son âme pour être humble et polie dans son traitement avec Allah et ses créatures, sinon c’est lui qui va périr! Ainsi, il est conseillé qu’il choisisse pour lui-même un programme d’apprentissage, sous les auspices d’un Sheikh savant et divin – pas donc les ignorants ni les charlatans – un programme éducatif, combinant la théorie et la pratique au niveau méthodologique, qu’il suivra afin de purifier son âme et la débarrasser des impuretés de ses caprices; dans l’espoir que son savoir et ses actes soient purement et fidèlement destinés à Allah l’Unique et le Dominateur ;pour qu’Il bénisse par conséquent l’intégralité de ses actes, avec Sa permission, et fasse circuler à travers lui beaucoup de bien.
Quant aux livres qui traitent de l’éducation et de la purification, ce sont des livres d’éducation spirituelle, classés dans la science de l’ascèse et du comportement, de ce qu’a écrit les érudits qui sont reconnus pour être justes et dignes de confiance, qui se sont spécialisés dans la connaissance des conditions de l’âme et de ses vicissitudes, et ont suivi les entrées des passions et celles d’où Satan peut s’introduire aux coffins de l’âme. Ils l’ont donc fait découvrir et ont démontrer sa dangerosité aux générations. Et Ceci est une propriété qui est propre à des savants divins et visionnaires grâce à la lumière d’Allah.
En ce qui concerne la crainte des fausses déclarations et chimères mensongères, on dispose pour cela des sections du Coran et de la Sounna, les totalités des préceptes doctrinaux, et les règles de la Charia, qui sont capables de réfuter toutes les piètres paroles! En effet, nul n’est égaré que celui dont l’âme est soumise à une quelconque passion qui l’autogère ! Sinon la vérité est claire et nette alors que le mensonge est confus et incohérent! Et certes la réussite n’est due qu’à Allah.
Extrait du livre « Le concept du savoir, du livre à la divinité » (Pages 114 à 123)
(كتاب: مفهوم العالِمِية من الكتاب إلى الربانية)