Préambule pour une conception d’un système éthique

(Réflexions préliminaires)

Ouissal Tika

 

Nous avons abordé dans un précédent article intitulé ; « le néant consciencieux, le projet de la formation morale et la remise en question des valeurs » publié en arabe, un questionnement, que nous peinons de cerner dans un seul article, et encore plusd’y étudier les solutions requises d’une manière détaillée et définitive. L’objectif de cette fiche était plutôt d’alerter sur l’illogisme avec lequel l’homme conçoit sa relation avec Dieu, avec l’univers et avec lui-même. Entre la remise en question des valeurs, leurs abjurations et leur extirpation de la vie courante et la standardisation de l’Homo Sapiens Sapiens, avec la création d’un « homo consumator » cloné dépourvu de toute conscience dans ses prises de décision et démuni de spiritualités dans ses projets. Dès lors nous avons conclu à la lumière de ce qui précède, que la race humaine est dans un besoin urgent et vital de recouvrer l’âme et la valeur, ainsi que sa trame et son interaction consciencieusenégligée au détriment de l’hégémonie du rationalisme et de la praxis et ce dans l’absence totale des grands et petits récits. Ainsi la reformation d’un système de valeurs, sa conceptualisation et sa mise en branle, nécessite beaucoup de réflexion et de recherche. Nous souhaitons, par le biais de  cette fiche de recherche, pouvoir sonder un peu plus ce questionnement,  non pour avancer des réponses types et encore moins pour prétendre présenter un travail qui sera en définitif stérile, mais plutôt afin d’élargir le champs de questionnementen vue d’approfondir la réflexion et d’élucider davantage ce sujet des valeurs, de formuler des à priori en guise d’un terrain propice au recouvrement de l’éthique et des valeurs.

Ce revirement accru, ainsi que cette cadence de mutation effrénée, a engendré des maux éthiques, ces derniers ont fait de l’Homme un monstre d’avarice qui met à mal la sûreté et le bien-être de ses semblables en humanité, à cause de la technologie nucléaire à cause d’une violence de tous types, des armes de destruction massive, de la pollution environnementale, l’asservissement des êtres humains en les réduisant à des robots qui exécutent à la lettre l’agenda du modernisme, le piratage et l’atteinte à la vie privée avec la cyberintimidation, en extorquant des photos confidentielles, à ceci s’ajoute, les fraudes financières, le clonage, et tous ses maux engendrés suite à la surutilisation contreproductive de la technologie.

Les premières questions auxquelles nous serions confrontés, compte tenu des phénomènes pernicieux de nos jours et que nous avons précédemment souligné, et leurs méfaits sur la sureté et le bien-être sociales, les questions de la causalité et de la genèse qui nous incitent par conséquent à s’interroger sur les causes de cette impasse morale. Est-ce forcément, en raison de la vétusté du code morale en vigueur, ou en raison du défaut de sa mise en application et de sa mise en œuvre ?Surtout dans un monde devenu fondé sur les paradoxes ? Ou l’importance de ces maux et leur variété dépassent de loin les codes et ponctuent la nécessité d’une éventuelle reconception ?

Et si à titre d’hypothèse, la reconception serait la solution, est-ce qu’elle se fera à coup de combinaison entre l’esthétique, la connaissance et les spiritualités d’un coté, et l’éthique d’un autre coté ? Ou est-ce quela conception scindée entre l’éthique et le spirituel, le spirituel et L’Au-delà, et entre l’éthique et l’esthétique, fera défaut à l’idée de cette combinaison ? Ou plutôt est-ce que cela nécessitera, la reformulation de nouvelles  notionssur les spiritualités et l’éthique, afin de lui conférer une conception inhérente à la modernité lui permettant ainsi d’enrichir son champs théorique.

Notre approche de la question des valeurs et de l’éthique d’un point de vue islamique, et qui s’inscrit au cœur de la vocation de ce forum, nous épargnera d’exposer des thèses qui divergent dans leur perspective avec l’approche de la jurisprudence islamique, cela nous évitera par ailleurs de les comparer, et nous facilitera de partir d’un ensemble de postulats, qui ne nous contraindra pas de bannir le texte, et de battre en brèche une culture cognitive en vue d’une parfaite compréhension de l’univers mais encore moins de faire abstraction des critères esthétiques en vue de s’ouvrir sur l’existence et les créatures et sans faire fi de notre sens de vue et de discernement, dans notre observation et réflexion sur l’univers et en définitif, remédier en définitif à ces problèmes.
Remonter jusqu’aux genèses du rôle thérapeutique de l’éthique, qui est une coutume dans la civilisation arabo-islamique et qui est caractérisée par un remède aux souffrances et aux maladies du cœur en corrigeant les vices avec les bonnes mœurs. Mais la question qui demeure persistante, c’est de savoir comment allons-nous concevoir un système de valeurs éthique avec une conception islamique intégrale et une approche réaliste, empruntée à la jurisprudence islamique qui va de pair avec les exigences du monde d’aujourd’hui, et qui fait face au différents cas de figures d’ineptie due à une interprétation erronée du modernisme et de la vie courante d’une part, et qui d’autre part, crée des équilibres de valeurs qui jugulent les troubles psychologique et ce sur le plan personnel et social ? Comment convertir les causes de pertes en acquis qui tiennent compte dans leur projet controversé et antagonique entre le mal et le bien, du rôle des moralités et des spiritualités ? Quels agencements devons-nous pourvoir dans le cadre de la re-conception des systèmes éthiques afin de rester en phase avec l’évolution tout en affrontant le chaos.

Fonder une société musulmane conforme aux bonnes mœurs, exige avant tout,de se conformer aux textes mais aussi de les réformer et de questionner leurs capacités, et ainsi de se libérer de l’asservissement intellectuel légitimé et des faux postulats qui ont obstrué la liberté intellectuelle et la liberté d’expression chez le musulman, cette même liberté qui lui fait la courte échelle afin qu’il puisse concevoir ces résolutions les plus importantes, grâce à une combinaison entre l’acquisition des normes intellectuelles, l’entrainement cérébral, la purification du cœur, la sublimation du regard et l’éducation au discernement. Toute cette formation, qui requiert encore une réflexion plus profonde, et une élaboration plus détaillée de sa problématique, n’est que le résultat d’une tentative d’optimisation et d’examen des outils de travail propices à la réalisation d’une formation moralisante complète, bien ficelée et pratique beaucoup plus qu’elle soit théorique.Ainsi ces combinaisons, interpelleront la personne intéressée par un ensemble de questions insistantes comme les normes de la connaissance d’une part, et les normes de l’effort de réflexion d’une autre part, afin d’asseoir les piliers d’un système de valeurs qui va de pair avec la modernité. Ainsi, il s’interroge, s’il serait utile d’abandonner le texte afin d’être en phase avec les exigences de l’époque actuelle, ou de s’y référer dans ce périple perpétuel de la mutation, voire face à un tas de questions existentielles insistantes, il va se trouver embarqué dans un exode vers un monde qui échappe à la notion spatio-temporelle etqui va l’opposer par conséquent face à une problématique sérieuse de la connaissance, qui peut conduire à de redoutables récidives, s’il ne parvient pas à surmonter la vision philosophique unilatérale, pour une vision philosophique intégrale, qui lui permettra une assimilation existentielle et une mêlée réconciliatrice avec soi et avec autrui dans le cadre de l’élément religieux, même en cas d’inaptitude à élaborer des thèses en esthétique, en philosophie et en arts, et voire même, à défaut de distinction entre le choix d’un projet moralisateur constitutif ou comme enjeu pour l’avenir. Et même à défaut de pondération, entre la rationalité, l’héritage instinctif, la thèse psychologique, et le code éthique, voire même à défaut d’émanciper l’enseignement éthique de la tyrannie de la prêche religieuse courante, qui présente dans son ensemble des traitements thérapeutiques sans accomplir le diagnostic requis de la pathologie.

Nous allons voir dans ce qui suit, les champs importants sur lesquels il (personne qui s’intéresse à ce projet) devrait se pencher afin de trouver des réponses satisfaisantes sur la question du comment et ce dans la réalisation de son projet moralisateur, après avoir de nouveau, démêlé les notions et les normes de la connaissance.

Il convient d’aborder, d’une manière détaillée et minutieuse, dans des articles à part entière, les points que nous contenterons d’énumérer ci-dessus.

• Remise en cause de sa conception du projet civilisationnel, et renouveler l’appréhension du projet de succession, et les mécanismes de gestion des divergences, en trouvant un réceptacle civilisationnel, qui intègre toute la diversité de ce foison culturel.
• Elucider les causes de la décadence religieuse et du déclin mondain.
• Démêler quelques termes et notions, comme le terme de l’adoration, entre la conception et sa pratique, et le terme de l’éthique et de la vertu et leur concept, et la notion de la divergence etc,
• Dépoussiérer la notion de la liberté.
• Remettre en cause la manière avec laquelle on aborde le texte religieux moralisateur, afin de mettre en branle ses effets, en vue de fonder un système de valeurs et sa réforme, afin d’être en phase avec les évolutions récentes.
• Dépoussiérer les normes de la connaissance.
• Dépasser, les ambiguïtés cognitives.
• Une parfaite connaissance de la réalité en optant pour la lucidité au détriment d’une culture cognitive.
• Dépoussiérer la notion relationnel et juridique, en asseyant quelques valeurs négligées, et ce en allant au-delà de la prépondérance de quelques valeurs courantes en les remplaçant avec des valeurs qui vont de pair avec l’aspiration de changement, que ça soit pour des réformes politiques, pour la réalisation du développement oupour une auto-moralisation.

Les neufs points que nous avons ci-dessus abordés, ne sont qu’un modèle réduit, succinct et simplifié en guise d’inventaire des champs auxquels doit s’attaquer tous les chercheurs qui aspirent avoir une réponse à la question du comment et toutes personnes qui convoitent fonder un projet moralisateur, ce qui va, par conséquent les amener à se pencher sur les combinaisons esthétiques, éthiques et de la connaissance en vue de substituer, la clause civilisationnelle par les clauses de civisme d’un côté , et d’un autre coté les handicaps à ce civisme et les problèmes qui dissoudent ce projet moralisateur, de la parfaite manière de formuler des réponses à l’ensembles des questions qui seront amplifié dans le but de fonder un système de valeurs complet capable de contenir tous les paradoxes, et de surmonter les crises à partir du texte.