La pratique du culte d’Allah avec le cœur
Mohammed Almagdy
La création de l’être humain par Allah abondent de merveilles et de mystères, qui sont dans leur ensemble, très difficiles à percer, à assimiler et à dénombrer. Voilà pourquoi Allah nous a demandé de se contempler et de méditer sur nous-même. Allah Tout puissant dit : « ainsi qu’en vous-mêmes. N’observez-vous donc pas » [51/21]
Dieu a créé l’être humain et a insufflé dans son cœur la vie et l’âme et y a introduit des sentiments comme l’amour et la haine et y a suscité les vertus et les vices, les qualités et les défauts afin qu’il choisisse lui-même et de bon gré le chemin qui le mènera à Allah.
Entre l’antinomie d’un cœur sain et d’un autre meurtri, il y’a des degrés de souffrance et de recouvrement. Ainsi, les cœurs sont à l’instar des corps, ils requièrent une pratique afin qu’ils s’accoutument à la guidance.
L’abord de ce sujet, à savoir la vie, la lumière et l’illumination d’un cœur, la longanimité et la félicité de l’âme,constituent la signification parfaite et l’illustration complète d’une vie agréable.
Ainsi, certaines parties inertes d’uncorps peuvent ressusciter grâce un cœur fort.
Abou Bakr As-Siddiq, qu’Allah soit satisfait de lui, n’était pas aussi pauvre qu’Abu Dharr ou Abu Hurairah, ainsi les pauvres et les démunis seront les premiers à mettre le pied au paradis.
Mais il était meilleur qu’eux.
Il n’a pas été torturé comme Khabbab, Bilal, Sumayyah ou Yasser.
Mais… Il était meilleur qu’eux !!!
Son corps n’a pas été blessé lors des batailles, comme Talhah, Abu Obaida ou Khalid ibn al-Walid.
Mais il… les a dépassés !!!
Il n’a pas été tué en martyr au nom d’Allah, commele fut Omar ibn al-Khattab, Hamza ibn Abdul-Muttalib, Mus’ab ibn Omair ou Sa’d ibn Mu’adh.
Mais c’était le compagnon le plus préférable !
Que fut ce merveilleux secret grâce auquel lui a valu la (véridicité), et qui est sur l’échelle des vertus juste en dessous de la prophétie ?
Abû Bakr As-Siddîq ne vous devança ni par sa prière ni par son jeûne. Il vous devança par une chose installée dans son cœur.
Ce sont les bonnes œuvres des cœurs !!!
C’est ce qui a fait qu’Abu Bakr puisse, Allah soit satisfait de lui, atteindre là où les aspirations n’ont pas pu atteindre.
Les bonnes œuvres du cœur, ont rendu sa foi plus pesante que celle de toute l’humanité réunie.
Nous avons appris à ce sujet que la foi est les bonnes œuvres du cœur, l’énoncé de la langue, et les actions des membres du corps.
Mais nous avons excellé plutôt dans :
Les apparences des actions et leur quantité, les énoncés de la langue et les actions des membres du corps.
Et nous avons omis l’essence et la quintessence des bonnes œuvres du cœur.
Ainsi, « Le jour où les cœurs dévoileront leurs secrets », « et que sera dévoilé ce qui est dans les poitrines »
Et il n’en sera sauvé que « celui qui vient à Allah avec un cœur sain. »
et il n’entrera au paradis que celui « qui redoute le Tout Miséricordieux bien qu’il ne Le voit pas, et qui vient [vers Lui] avec un cœur porté à l’obéissance »
Le cœur sain imprègne les membres du corps à se soumettre à Allah, à sa grandeur,à sa volonté et à son omniscience en vue de lui faire acte d’unicité et de n’adorer que Lui tout seul, de se confier à lui seul, de se soumettre à sa seule puissance et de ne craindre que lui.
Ainsi une soumission à Allah nous apportera une insoumission à autrui, et une dépendance d’Allah nous apportera inversement indépendance d’autrui. Nous nous émanciperons par conséquent autant qu’on se soumet à lui et nous nous honorerons autant que nous nous abaisserons à sa grandeur. Et nous prospérerons dans notre vie autant qu’on empruntera ses voies, nous nous purifierons des ennuis animaliers autant qu’on les lui soumette. Et les cœurs se purifieront autant, qu’ils se remettent à lui et s’éloignent des vices et des péchés,
Ensuite, les créatures et l’univers obéissent à ses ordres. Les secrets de l’univers se révèlent en contemplant ses signes et en réfléchissant sur le génie de son royaume.
La fonction et la mission du coeur est d’adorer Dieu Tout-Puissant, ainsi ce devoirprécède celui des autres parties du corps; car la pratique du culte avec le cœur est à l’origine de toute adoration. Cependant l’adoration des autres membres du corpsà Allah est ce qui la suit. Si le cœur adore Dieu, Béni soit-il, avec sincérité, certitude, amour et fidélité, il affectera le reste organes pour qu’ils agissent comme Dieu le veut et produisent des déclarations et des actions que Dieu aime. C’est-à-dire que le cœur est le roi et les autres parties du corps sont ses soldats.
C’est pour cette raison que le Prophète (PBSL) se souciait de la rectitude du cœur pour que le roi des organes devienne digne d’adorer Dieu Tout-Puissant.
Ainsi, Abou Nouamane ibn Bachir a rapporté un hadith du prophète où il a dit : « “En vérité, il y a dans le corps humain un morceau de chair qui, en bon état, permet au corps tout entier de prospérer et qui, en mauvais état, le corrompt en entier, c’est le cœur”
Ainsi pour Ibn Hajar, « Si le cœur jouit de ce privilège, c’est parce qu’il est le prince du corps, ainsi, si le prince est loyal, ces sujets seront aussi loyaux et inversement s’il est corrompu ces sujets le seront autant »
La première mission des prophètes – que la paix soit avec eux –et qui est à l’origine du message pour lequel ils ont été envoyés, c’est d’introduire les gens à Dieu Tout-Puissant, et de les élever au rang qui leur permettra de le connaître, gloire à Lui qu’Il soit Exalté.
Ainsi, la première voie pour y parvenir, est celle du cœur avant la langue et les autres membres du corps. Quand le cœur vénère Dieu Tout-Puissant, avec amour, soumission, crainte et espoir, on obtient une parfaite définition du mot Tawhid “Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah”.
Les prédications de Dieu à Ses serviteurs sont de deux types : L’un est explicite et se manifeste sur la langue et les autres organes, et l’autre type est implicite et se manifeste dans le travail du cœur. Et ce deuxième type est le pilier et la base du premier. Parce que sans la pratique du culte avec le cœur, celle des autres organes explicites devient un acte hypocrite sans sincérité ni pureté de la foi.
Le grand Abou Hamid Al Ghazali dit : « L’honneur de l’Homme et sa prééminence sur le commun des mortels émanent de sa volonté à connaître Allah Tout puissant. C’est ce qui lui aspire dans sa vie, une ultime beauté, fierté et le rend par conséquent un Homme parfait, ce qui constituera à coup sûr dans l’au-delà sa provision. Cependant, s’affairer à une telle connaissance (D’Allah) s’accomplit avec le cœur et non avec un autre organe.
Ainsi le cœur est le connaisseur prééminent d’Allah, le communiant prééminent d’Allah et le quêteur prééminent d’Allah. Par suite, les autres organes ne sont que disciples, qu’exécuteurs et que des machines que le cœur emploie et desquels il se sert, à l’instar d’un roi avec son esclave, d’un berger avec son troupeau.
A condition qu’il soit dévoué qu’à Allah, le cœur est le seul qui est approuvé par Allah et inversement le seul réprouvé s’il adore autre qu’Allah. Il est le seul obéissant à la vérité d’Allah, ainsi ce qui se répercute sur les autres organes comme pratiques cultuelles n’en sont que sa lumière. Cependant, si le cœur est le récalcitrant et le désobéissant à Allah, ce qui touche les autres organes des péchés n’en sont par conséquent, que ses effets. C’est grâce à sa lumière que ses vertus jaillissent et c’est à cause de ses péchés que ces défauts surgissent, ainsi, la bouche parle de l’abondance du cœur. »
Par conséquent, l’attribution du cœur concernant l’adoration est grande, et le plus grand devoir des adorateurs c’est de croire en Dieu Tout-Puissant. Ainsi, seul la croyance correcte et ferme en Dieu Tout-Puissant permet l’accès au cercle de la foi.
Dans le célèbre hadith de l’Ange Gabriel, le Prophète (PBSL) explique la foi comme croyances profondes qui sont les œuvres du cœur.
Quand Gabriel (que le paix soit sur lui), interrogea le Prophète (PBSL) sur la foi, le Prophète répliqua : « c’est de croire en Dieu, en Ses Anges, en Ses Livres, en Ses apôtres, au Jour Dernier et de croire dans le destin imparti pour le Bien et le Mal ».
L’excellence (al-Ihsan) est le summum de l’Islam, qui repose lui aussi dans son fondement sur l’adoration d’Allah par le cœur, le prophète dans son explication de Al-ihsan a dit : « que tu adores Dieu comme si tu le vois, car si tu ne le vois pas, certes, Lui te voit ».
Il y’a dans cette interprétation du Prophète (PBSL), une déclaration selon laquelle le serviteur vénère Dieu sur la base de cette vertu, qui consiste à ressentir sa proximité, comme s’il était entre ses mains en le voyant. C’est ce qui provoque par conséquentla crainte, la vénération et la glorification d’Allah. Toutes ces significations sont parmi les aspects les plus importants de l’adoration parle cœur. Cette dernière est basée sur trois piliers cruciaux : l’amour de Dieu Tout-Puissant, et l’espérance en lui, et sa crainte. Ainsi, en les rassemblant on obtient les piliers de l’adoration par le cœur.
Sur cette base, jaillit un nombre important de bonnes œuvres du cœur, comme la loyauté envers Dieu, et la patience pour son obéissance et contre sa désobéissance et la patience face à son destin imparti pour le Bien et le Mal, sa crainte lors de son évocation, et de s’en remettre entièrement qu’à lui, et n’avoir confiance qu’en lui, l’amour de son prophète (PBSL) ainsi que l’amour en Allah et la haine en Allah, sa crainte et sa supplication fervente, sa glorification, et la soumission à lui Tout puissant, faire preuve d’humilité en en l’évoquant, le blâme du blasphème, avoir la joie des bonnes œuvres, et le regret des péchés.
Aussi, la pratique du culte avec le cœur requiert l’absence d’hypocrisie, de vanité, d’envie, de haine, d’arrogance, de désespoir, de convoitise des tabous et de haine de ce que Dieu et Son Messager détestent.
Nulle œuvre du corps, qu’elle soit acte ou parle, n’a de rapport avec la pratique du culte avec le cœur, c’en est l’essence même et le fondement, Le grand Ibn Taymia dit à ce sujet : « Tout ce que Dieu a ordonné à ces serviteurs l’a ordonné d’abord à leurs cœurs, bien qu’il a commandé aussi aux autres organes, mais le cœur reste la source, ainsi l’adorateur ordonné de faire et défendu de ne pas faire, perçoit les ordres et les interdictions avec son cœur et ne peut s’y conformer et y obéir qu’avec son cœur. »
Nous citons à titre d’illustration, que l’intention sincère est un culte du cœur, mais elle est extrêmement liée à tous les autres membres, qu’elles soient paroles, ou actes, physiques ou financières. D’où l’intérêt des imams pour ce hadith : “Les actes ne valent que par les intentions qui les animent“,
Abd al-Rahman ibn Mahdi dit : “Ce hadith devrait être à l’entrée de chaque porte”.
Al-Shafi’i et d’autres disent : “Ce Hadith est le tiers du savoir”.
Puisqu’il s’agit du tiers de la science, Al-Bayhaqi a déclaré que les acquisitions de chaque serviteur, se trouvent dans son cœur, sa langue et ses autres organes. Ainsi, l’intention est l’une des trois catégories du culte, et la plus importante d’entre elles, car elle peut à elle seule, accomplir le culte ».
En d’autres termes, la pratique du culte des autres organes, requiert l’intention sincère du cœur, afin qu’elle soit une pratique du culte acceptée, tandis que l’intention sincère peut être une pratique du culte récompensée, et ce à défaut d’accomplissement d’une bonne œuvre à cause d’une raison autre que la sincérité de l’intention ( dans l’accomplissement de cette œuvre).
Le prophète (PBSL) dit : “Allah ne regarde pas vos apparences physique ni vos formes, ni à votre argent, mais Il regarde vos coeurs et vos oeuvres“
Enfin, je dis que ce monde est mort avec tous ses attraits et toutes ses pédagogies et l’islam est son cœur battant, qui peut à lui seul illuminer son obscurité et jalonner la voie qui mène au droit chemin et en définitif, valoriser l’Homme.
Ainsi, la place des savants (Ulémas) dans ce monde, et à l’instar du cœur pour le corps, qu’ils le veuillent ou pas ils répandent les vertus de l’islam, et révélent ses vérités et son éthique et se portent gardiens se son noble Coran.
Louange à Allah, Seigneur de l’univers.